Daniel Balavoine
Il y avait, sur certaines de mes K7, des trucs vraiment pas Rock'n Roll....
Selon les critères de l'époque.Aujourd'hui, je peux bien l'avouer…
Daniel Balavoine
Il y avait, sur certaines de mes K7, des trucs vraiment pas Rock'n Roll....
Selon les critères de l'époque.Aujourd'hui, je peux bien l'avouer…
Cela dit, ça dépend un peu des critères qu'on prend pour labelliser rock tel ou tel.
On peut aller du meilleur au pire, et l’icône qui semble aux uns la plus pure peut sans encombre être vouée aux gémonies par d'autres...Le plus frappant des exemples qui me viennent pour illustrer ça est Elvis Presley, l'un des fondateurs du rock'n roll, devenu roi de la guimauve et de la soupe, après avoir rencontré le « Colonel » Parker…
Aujourd'hui donc, tout en mesurant le « risque énorme que je prends » (légère exagération mégalomane), je vais faire sortir de ma mémoire rock un type que la plupart d'entre nous n'envisage pas sous cette bannière.
Mon Histoire du Rock, blog « culture rock », se relèvera-t-il de ce pari audacieux qui consiste à sortir une fois de plus du schéma autorisé ? Après tout, cette prise de « risque » participe d'une posture rock'n roll… :Je me ferai pardonner la semaine prochaine en parlant des Beatles...
Mais venons aux faits.
Le 1er janvier 1986, nous avions eu la chance, au petit matin, après une soirée nuit blanche, d'assister en VIP au départ du rallye Paris-Dakar, sur la place d'armes du château de Versailles.
Cette ville, dans laquelle j'ai passé mes années de Lycée, n'était ni très fun, ni très Rock, et particulièrement refermée sur elle même, c'est à dire les "fils" aristos, ou de militaires. Saumur, chanté à l'époque par Trust, devait à peu près être du même tempo... On a tout de même eu quelques bons moments (j'ai déjà raconté les bêtises en sortant de la projection de Tommy dans le bled à côté..).
Mais revenons au fait.
La veille, nous avions pu aller nous balader au milieu des voitures, voir Ickx et Braseur devant leur Porsche 959 ("bonjour, bravo et bonne chance"…., "merci") et écouter le briefing de Thierry Sabine aux pilotes, puis assister à un pot dans le palais des congrès de Versailles, avec le staff et les pilotes. C'était à l'époque ou le rallye Paris Dakar était une aventure, pas encore tout à fait un business... Sabine aimait l'Afrique, le rallye après lui passera le complément au masculin. Une caractéristique des années 80, la transmutation des idéalismes pour le fric...
Je me souviens qu'on s'était alors glissé dans le petit groupe de gars autour de Thierry Sabine. Tous l'écoutaient et je me souviens qu'il parlait du désert avec respect, mais en connaisseur, et avec passion.
Il y avait aussi cette année-là Daniel Balavoine dans ce groupe, qui écoutait et semblait très modeste, "heureux d'être là tout simplement" comme dit l'autre. Evidemment, on leur avait pas parlé, mais on s'était pas fait jeter, ce qui était déjà énorme, on était resté un moment dans ce cercle, et ma mémoire en est marquée.
Alors oui, j'avais du Balavoine sur mes K7. J'avais beaucoup aimé Starmania : à l'époque ça se faisait pas, c'était populaire et ringard, comme Balavoine qui était vu comme un chanteur à minettes. Ce n'était pas complètement faux, d'ailleurs.... Mais Le Chanteur, Quand on arrive en ville, Je ne suis pas un héros, Vivre ou survire, ces titres m'ont marqué, et si l'époque avait été moins "clivante", séparant rock et variété, et taxant de variétoche tout les artistes français qui avaient alors du succès....
Il faudra attendre 1984, et une relative reconnaissance de intelligentsia rock française par le biais d'un portrait dans le cultissime 'les enfants du rock'. Mais le dictat (en particulier celui de Philippe Manœuvre) restera, et Balavoine projettera de partir en Angleterre,pour monter un groupe et se renouveler...
Mais c'était aussi le mec qui avait tenu tête à Mitterrand, candidat président, lui niant le droit de récupérer politiquement la grogne des jeunes.
Ses prises de position ont été à l'époque remarquables et pas très éloignes de celles de Coluche, s'élevant à plusieurs occasions contre le racisme, le militarisme, le dogme de la finance qui pointait son nez.... Give peace a chance...
Un brin démago, cela dit il n'avait pas beaucoup à gagner à l'ouvrir ce jour là, et sans doute à perdre la possibilité de futures apparitions dans une télé qui était encore un peu un organe officiel et pas encore tout à fait un média assoiffé de « buzz ».
Il avait semble-t-il conscience de cet écueil, et il semble que ce soit aussi pour ça qu'il s'était lancé dans un truc humanitaire sur le Paris Dakar.
Je me souviens de l'annonce du crash de l'hélico sur le Dakar, j'avais été un peu choqué, et mes colocataires semblaient surpris, non sans raison, que je puisse m'émouvoir du décès d'un people à minettes et du sport spectacle...
Les avoir vu et écouté dans les conditions décrites ci-dessus 15 jours avant n'était pas pour rien dans le trouble en question. Et puis, le type n'était pas tout à fait ce que le star system en a fait, ensuite, au rythme des rétrospectives et des hommages : Cheveux longs, blouson de cuir, vrai talent de créateur, qu'un hélicoptère à interrompu à la veille d'aller travailler à Londres, capitale du rock'n roll, avec de vrais projets rock, de vrais musiciens rock…
Qui sait, il aurait peut être réussi à sortir du carcan varietoche dans lequel tombent systématiquement tous les français qui s'essaient au Rock (j'ai des noms)... Après tout, ses débuts étaient nettement marqués rock, new wave à la française.
Au fait, Balavoine, c'était quand même une sacrée voix: la preuve. Nombreux sont ceux qui ont essayé de reprendre « SOS d’un terrien en détresse », sans avoir peur du ridicule…